Battue

Debout au milieu de la fosse, nous avions l’impression d’être seuls. Seuls dans la sphère imaginaire qui nous entourait, comme si celle-ci nous protégeait tels deux fœtus dans le ventre de leur mère. Mais jamais nous ne sommes protégés, pas même dans le ventre de notre mère.

La musique est puissante, si puissante qu’elle est capable de créer une échappatoire hors du monde réel et de nous faire oublier les nuisibles aspects de la vie. Chaque battement de musique collait parfaitement aux pulsions de mon cœur, ces rythmes respectaient une mélodie, mais après quelques instants, ils se mirent à accélérer.

Il est 21 heures 30 lorsque je quitte les douces mains de Norah pour aller chercher de quoi nous désaltérer. Parmi tout ce monde, essayant de me frayer un chemin, j’aperçois au loin une personne qui m’est chère, Marc ! Cet ami d’enfance que je n’avais pas revu depuis des années. Je me dirige vers lui. Nous nous sommes mis à discuter quelques minutes comme de bons vieux amis. En quelques mots je lui annonce que Norah est enceinte d’un mois et il me félicite.

Lui n’a pas changé, toujours aussi curieux du monde, il voyage énormément et à moindre coûts puisqu’il fait ses déplacements pour des causes humanitaires. Après ce bref échange nous nous quittons en échangeant notre numéro de téléphone.

J’arrive enfin au bar, j’ai à peine le temps de faire ma commande lorsque que j’entends un bruit sourd et violent, des cris ! personne ne comprend.

Je me retourne et j’aperçois une horde courant rapidement vers la sortie, certains sont en pleurs, d’autres tombent sous le poids de la pression qui provient de la salle.

Je suis pris de panique, mes mains se mettent à trembler, des tâches blanches apparaissent dans mon champ visuel, mes poils se dressent, je ne pense qu’à une chose, Norah. Une course dans l’inconnu démarre alors… seul contre la vague humaine je me fraye un chemin dérisoire, dans cette traversée je reconnais petit à petit des bruits d’armes de guerres, mon cœur bat alors aussi vite que le nombre incalculable de tirs. J’aperçois Norah, debout ne sachant pas où aller… elle fait une crise de panique, je cours aussi rapidement que possible, je me jette sur elle, la plaque au sol et la sert fort dans mes bras afin de la protéger. Corps contre corps, tête contre tête, j’ouvre mes yeux et regarde les siens, immobiles, laissant paraître le visage sournois de l’ataraxie.

Image par : Philippe Wojazer                                                                                         Sven Geslin

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